L’impact est encore source de préjugés : « Souvent les gens pensent que tout le monde (dans une startup d’impact) est hippie dans l’entreprise, [qu’elle] ne génère pas d’argent, qu’elle ne pense pas à l’argent…» souligne Marie-Hélène David, présidente et directrice générale de l’entreprise de produits de soins personnels et de nettoyage zéro déchet, Myni.
Cette phrase, qui en dit long sur le chemin que nous avons à parcourir autour de ce sujet, a été partagée durant un échange récent organisé entre elle et Frédéric Bastien, cofondateur et associé chez Amiral Ventures, une société en capital de risque, spécialisée en développement et croissance.
Nous avons voulu creuser avec ces deux invité.e.s la question de la croissance dans une startup d’impact afin de savoir si elle s’accompagne de défis différents. Cette réflexion s’inscrit évidemment dans le cadre des activités de notre campagne Startup, le réflexe impact.
Le processus décisionnel déployé dans une startup d’impact dépend des valeurs organisationnelles, ce qui nécessite de la flexibilité afin de veiller au respect de celles-ci en tout temps.
Chez Myni, croissance et impact vont de pair mais cela a pu générer beaucoup d’analyses et de questionnements. Marie-Hélène précise que : « généralement, elle a l’impression que cela ralentit certaines décisions sans [toutefois] empêcher la croissance à long terme. »
À titre d’exemple concret, l’équipe de Marie-Hélène s’est posé plusieurs questions au moment de choisir certaines des matières premières qu’elle souhaitait utiliser dans la confection de ses produits et emballages. Comme il s’agit d’une organisation qui vise un impact écologique important, il n’était pas question pour elle de laisser entrer du nouveau plastique dans sa production. Elle a donc dû éplucher le marché des possibilités afin de faire un choix cohérent et intelligent pour son entreprise.
Comme vous le savez, le démarrage de toutes les entreprises est difficile. Toutefois, quand une startup choisit la voie de l’impact, elle ajoute, au niveau de ses indicateurs, des objectifs supplémentaires . Une startup d’impact doit veiller à générer et à optimiser des résultats sur deux fronts en même temps, le financier d’un côté et le social et environnemental de l’autre. (voir notre article précédent Impact et argent, un mariage impossible?). L’établissement et le suivi de ces mesures peut être intense au début, mais il instaure une bonne éthique de travail dès le départ. Cette approche est donc très profitable à moyen terme.
Par ailleurs, cette vision qui doit être cohérente tant sur le plan environnemental, social qu’économique suggère parfois quelques allers-retours sur les chemins empruntés par les entrepreneur.e.s. Une décision qui semble à première vue profitable sur le plan écologique peut s’avérer non profitable sur le plan financier. Il faut donc déployer des efforts additionnels pour conserver un équilibre entre les priorités.
Pour plusieurs entrepreneur.e.s, l’impact rime avec le futur de leurs enfants. Ils ou elles ont le désir de laisser une planète en santé aux générations qui prendront la relève. C’est le cas de Frédéric et Marie-Hélène qui ont utilisé cette orientation pour leurs projets d’affaires avec l’idée de « faire un peu [leur] part » ou « d’en faire plus » pour la planète. Cette vision agit comme un puissant moteur d’engagement.
Aussi, bien que plusieurs défis spécifiques se présentent en début de parcours, c’est un modèle qui a le même potentiel de croissance qu’un autre type d’organisation sur le long terme. C’est un peu le propre du développement durable : il faut parfois être plus courageux.euse dans les choix qui définissent bien les contours de notre organisation, mais une fois que les orientations sont claires, elles peuvent devenir des leviers de croissance.
C’est pourquoi, chez Startup Montréal, nous avons à cœur de déconstruire les préjugés tenaces vis-à-vis des startups d’impact. Pour ceux et celles qui veulent en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre boîte à outils d’impact.