« Lorsqu’on parle de retour sur investissement (ROI), on entend encore trop souvent le mythe selon lequel les investisseurs qui choisissent des entreprises d’Impact, le font par charité ! » souligne Meir Rabkin, fondateur de Blue Vision Capital, investisseur et entrepreneur cumulant 18 ans d’expérience dans la gestion d’actifs institutionnels, l’investissement international et le capital de risque. Cette fausse croyance n’a toutefois plus sa place si on se fit aux tendances observées sur le marché actuel.
« Ce que nous faisons chez Alvéole, c’est de l’apiculture. Nous nous occupons de plusieurs ruches. Souvent, après avoir présenté mon organisation, la question que les gens me posent ressemble souvent à : “est-ce que c’est un travail à temps plein ou non ?” Quand je réplique en disant que j’ai une entreprise florissante de 200 employés avec d’importants revenus, je crée la surprise, » raconte Alex Mclean, le cofondateur d’Alvéole, une startup d’impact qui travaille à partir de l’apiculture urbaine pour aider les entreprises à atteindre leurs objectifs en matière d’engagement et de développement durable.
Les façons de mesurer l’impact sont encore très disparates au Québec. Et le plus gros mythe qui persiste en lien avec le retour sur investissement pour les startups d’impact est qu’il est plus bas que pour les autres entreprises. Et ceci même si une bonne partie des investisseurs intègrent aujourd’hui des indicateurs ESG dans leur prise de décision. Ils cherchent donc des entreprises profitables qui génèrent un impact positif. L’un ne va plus vraiment sans l’autre.
« L’impact est un élément qui transcende plusieurs sphères organisationnelles. Il se fait sentir dans le cœur des organisations qui démarrent aujourd’hui. C’est donc faux de dire qu’une entreprise qui veut emprunter la voie traditionnelle n’est pas obligée d’avoir un certain impact positif socialement, environnementalement et en ce qui a trait à la gouvernance (ESG). Même si elle-même ne s’en soucie pas, ce sera quand même un critère qui sera utilisé pour son évaluation auprès des investisseurs et de ses clients actuels ou futurs. Ça prend dorénavant de la transparence sur les indicateurs ESG pour toutes les entreprises, » explique Alex McLean.
Au sens de cet entrepreneur, les entreprises d’aujourd’hui ont un double défi : d’un côté, la croissance et les marges de profit doivent suivre l’impact, de l’autre cela doit être quantifiable et bien réel.
Pour s’assurer d’avoir une vision équitable et claire des projets appuyés, l’équipe de Blue Vision Capital envoie systématiquement un questionnaire pour faire une analyse sur l’impact incluant, par exemple, des questions sur l’empreinte carbone (environnement) aux entreprises qu’ils choisissent. « C’est comme ça que nous arrivons à une formule mathématique exacte sur l’impact d’aujourd’hui et celui du futur de cette entreprise. En normalisant cette pratique, c’est la meilleure façon de confirmer que l’impact est réel, » explique Meir Rabkin. C’est le moyen que cette firme a trouvé pour filtrer le mieux possible des entreprises qui feraient du greenwashing.
Le rapport d’impact est lu parallèlement aux projections financières. C’est avec cette approche que les investisseurs estiment où sera l’entreprise dans les 2 à 5 prochaines années. À la lumière des données ESG, ils sont capables d’estimer quel est l’impact sur la réduction de l’empreinte carbone par exemple, et ce, pour chaque dollar de croissance.
Si on regarde aujourd’hui le nombre de « licornes », soit les entreprises qui ont une valorisation se chiffrant à plus d’un milliard de dollars dans le monde, environ le tiers d’entre elles sont issues du secteur des technologies propres, souligne Meir Rabkin.
De plus, en 2022, le marché a observé une baisse de 40 % en capital de risque dédié aux entreprises dites traditionnelles, et ce, dans tous les secteurs confondus. Alors que si l’on regarde plutôt le secteur des technologies propres, on remarque une hausse des investissements d’environ 89 %.
Les startups d’impact sont donc en train de prendre une place majeure dans les portefeuilles des investisseurs. Elles sont donc sont capables de démontrer que leur retour sur investissement est aussi bon sinon meilleur que celui des entreprises traditionnelles et qu’en plus, elles ont un impact positif sur la société.
Cet article est développé dans le cadre de la campagne Startups, le réflexe impact, présentée par Startup Montréal en collaboration avec le gouvernement du Québec.